Cérémonie commémorative du 18 juin 2019 à Crac’h : hommage à 4 combattants de la résistance

Lors de la  cérémonie commémorative de l’appel du 18 juin et alors que l’on célèbre le 75e anniversaire du débarquement, un hommage particulier a été rendu à 4 résistants de Crac’h morts pour la France.:  Jean LE BLAVEC, 22 ans, son cousin Paul LE BLAVEC 20 ans et leur camarade André ROBINO, 22 ans, tous les 3 tombés dans les combats du maquis de Saint Marcel, secteur du bois-Joly le 18 juin et Marcel MARION,20 ans, tué le 26 août 1944 à Belz.

La cérémonie est présidée par monsieur Jean-Luc BONNEMAINS , maire, en présence de monsieur Laurent PICARD, adjoint, de l’UNC Crac’h (Mr BOURBON), de l’UNACITA (Mr ERCOLANI), de monsieur Robert MALARD délégué du souvenir français. La sœur de Jean le BLAVEC, âgée de 11 ans au moment de la mort de son frère est également présente. Le bureau est représenté par M.FOURNIOL et M. GONDE.

 

Le dépôt de gerbes devant les plaques commémoratives rue des résistants en présence des enfants

Le dépôt de gerbes devant la tombe de regroupement où sont enterrés les dépouilles des 4 résistants

 

La soeur de Jean LE BLAVEC en compagnie de Robert MALARD

 

 

Le monument dans le secteur du BOIS-JOLY près de Saint – Marcel

Les noms de Jean LE BLAVEC, PaulLE BLAVEC et André ROBINO sont gravés sur la stèle

L’hommage de la délégation de Crac’h

La sœur de Jean LE BLAVEC et nièce de Paul LE BLAVEC

 

Allocution prononcée par Robert MALARD

18 Juin 1944 – 18 Juin 2019

75 ans se sont écoulés depuis que la Résistance Bretonne a affronté l’Armée Allemande au cours d’un combat héroïque qui s’est déroulé ce jour-là dans les landes entre St Marcel et Sérent.

Plusieurs résistants crac’hois y ont participé, au sein du 2ème Bataillon de FFI d’Auray, appelé Bataillon LE GARREC. Trois d’entre eux y ont été tués. Vous pouvez lire leurs noms sur la plaque apposée Rue des Résistants : Jean LE BLAVEC, 22 ans, son cousin Paul LE BLAVEC 20 ans et leur camarade André ROBINO, 22 ans.

Cet anniversaire nous donne l’occasion, aujourd’hui de rappeler leur histoire et les circonstances dans lesquelles ils ont donné leur vie pour la France.

A l’approche du débarquement, en liaison avec la France Libre, les réseaux de résistance ont cherché à s’organiser et se structurer dans l’optique des actions qu’ils auraient à mener pour apporter leur appui aux alliés et concourir effectivement à la libération de notre pays. Au fil des mois les recrutements se sont accélérés, ainsi à Crac’h, on retrouve, à notre connaissance, à cette époque dans la résistance : Pierre et Jean LE METOUR, Louis BOHEC, Lucienne DIDRICK, Pierre DIFFON, Jo GUILLAS, Pierre GODEC, Jean LE BLAVEC, Paul LE BLAVEC, André ROBINO et Marcel MARION.

Sur les documents de l’autorité militaire, il est indiqué que ces derniers se sont engagés auprès du 2ème bataillon de FFI d’Auray, le 1er Juin 1944.

La nuit du 5 au 6 juin, dans le cadre de l’opération Overlord, 18 parachutistes des Forces Française Libres membres des S.A.S. (Spécial Air Service) anglais, sont largués pour rejoindre le maquis de St Marcel dont le PC est dans la ferme de La Nouette, à proximité d’une zone de largage ‘’La Baleine’’. D’autres sticks de SAS seront régulièrement largués les jours suivants.

Leur mission était au départ de harceler les Allemands en organisant des sabotages pour les empêcher de faire remonter des renforts vers la Normandie. L’impressionnante concentration de résistants, remet tout en cause. Les alliés n’attendaient aucun appui conséquent de la part de la résistance morbihannaise décapitée en mars par l’arrestation de ses chefs.

La présence de ces milliers de résistants, près de 4.000 transitèrent par la Nouette au cours de cette semaine cruciale, impose un changement de stratégie. Dépourvus d’armements, ces groupes sont venus pour être formés et équipés. Ils le seront. Jusqu’au 17 juin, Londres fait larguer des milliers de containers avec des armes légères, lourdes, des munitions, des mitrailleuses et même 4 Jeep. L’importance de ces largages ne pouvait, évidemment qu’attirer l’attention de l’occupant, sur le qui-vive depuis les accrochages de la nuit du 5 au 6 avec les SAS à Plumelec.

Les hommes du Bataillon LE GARREC arrivent à St Marcel le 13 juin. Il est prévu qu’ils repartent le 17 après avoir été équipés. Hélas, des conditions météorologiques exécrables empêchent ou retardent les parachutages et le 18 au matin, le bataillon est toujours là.

André ROBINO, Jean et Paul LE BLAVEC vont quitter Crac’h le mercredi 14 juin en fin d’après-midi. La mère de Jean vivait dans l’angoisse de voir son fils partir, comme ses 3 autres frères réfractaires au STO et qui se cachaient, sans qu’elle sache où ils se trouvaient, ni même s’ils étaient encore vivants. Alors, quand ce mercredi, Jean lui demande une couverture, elle a compris et c’est en larmes qu’elle la lui refuse, espérant le retenir. En vain.

Jean est déterminé, il prend son vélo dans l’écurie qui jouxte la maison, donne le vélo d’un de ses frères à son cousin et rejoints par André Robino, ils prennent ensemble la route de St Marcel. Il est probable qu’ils ont eu connaissance de l’ordre de regroupement des maquisards à St Marcel par l’abbé Jego qui dirigeait le réseau local des Cœurs Vaillants. Celui-ci ne pourra pas les rejoindre, il sera arrêté, sur dénonciation le surlendemain, avant de s’échapper en sautant par une fenêtre du presbytère.

Sur la route de St Marcel, le matin du 18, une patrouille allemande est neutralisée par nos parachutistes, à l’exception d’un soldat qui réussira à donner l’alerte. Le camp, qui comprend alors 2.500 hommes, sait qu’il sera rapidement attaqué, on prend donc des dispositions pour en assurer la défense. Défense difficile à mettre en œuvre cependant, la plupart des hommes présents, très jeunes pour beaucoup, les moins âgés avaient à peine 15 ans, n’avaient pour eux que leur bonne volonté leur courage et l’insouciance de leur jeunesse, une absence d’expérience du combat et d’emploi d’une arme, dont tous ne disposaient d’ailleurs pas. Heureusement les 200 SAS parachutistes aguerris les encadreront, bien qu’eux-mêmes soient peu formés à ce type d’affrontement.

Jean, Paul et André avec Joseph Planchais, 20 ans, de Bain de Bretagne, encadrés par Daniel CASA, jeune SAS de 20 ans originaire de Marseille, sont affectés à la garde du secteur de Bois-Joly, en direction du bourg de St Marcel. Le petit groupe a perdu un de ses camarades, Roger TRUNKENBOLZ, résistant originaire de Messac qui s’est mortellement blessé la veille en manipulant sa mitraillette STEN.

Les Allemands qui ignorent à quelles forces ils vont être confrontés, pensant n’avoir affaire qu’à quelques dizaines de maquisards, engagent une compagnie, 200 hommes.

C’est par le secteur du Bois-Joly qu’ils approchent, profitant de l’abri des haies, talus et chemins creux pour ne pas être repérés. Jean et Paul LE BLAVEC, André ROBINO, Joseph Planchais, Daniel CASA et une malheureuse adolescente de 15 ans, Suzanne Berthelot, originaire de région parisienne et qui se trouve malencontreusement dans la zone de combat à garder les vaches de la ferme voisine, sont pris par surprise et immédiatement abattus.

Ce furent les premiers morts de cette glorieuse journée. La riposte française est immédiate,  les Allemands doivent se replier après avoir perdu des dizaines d’hommes. Une heure plus tard, l’équivalent d’un bataillon ennemi arrive en renfort, c’est un nouvel échec avec des pertes ennemies très importantes. L’armée allemande prenant la mesure de la situation engage alors d’importants effectifs, en particulier, des parachutistes et des troupes de choc. L’aviation anglaise, sollicitée, apporte heureusement son précieux concours aux assiégés en bombardant les colonnes ennemies qui convergeaient vers St Marcel.

Au cours de la soirée, devant l’importance des troupes d’assaut allemandes, la situation est devenue intenable et l’ordre de dispersion de toutes les unités présentes est donné, chaque réseau de maquisards doit regagner ses bases de départ. Le repli s’effectue dans d’assez bonnes conditions, alors que les bois alentours brûlent.

On estime que les résistants et les SAS perdirent une trentaine d’hommes, dont nos 3 crac’hois. Les estimations des pertes allemandes, mal connues, oscillent entre 300 et 560 morts. Il est aujourd’hui admis que l’on doit être plus proche de 300.

Dans les jours et semaines qui suivirent, ce fut une chasse implacable contre les résistants du secteur, plusieurs dizaines, parmi eux des SAS, furent tués, torturés, massacrés par les Allemands et les Géorgiens, et, hélas, par nombre de miliciens français ; de nombreux civils ayant aidé ou étant soupçonnés d’aide aux résistants furent sauvagement assassinés, parfois brûlés dans l’incendie de leur maison. Le village de St Marcel  fut entièrement brûlé à l’exception de quelques bâtiments et 40 de ses habitants qui n’avaient pas fui ont été assassinés ou déportés.

Quant à nos malheureux compatriotes, leurs corps sont restés là où ils étaient tombés. Il faudra attendre le 14 Juillet 1944 pour qu’ils soient enfin mis en terre sur place. Les familles ignoraient évidemment le sort de leurs enfants. Après la libération, des informations leur ont laissé penser qu’ils avaient pu être tués à St Marcel.

Début Septembre 1944, François LE BLAVEC, frère de Jean, et son cousin Jean, frère de Paul, prennent à leur tour leur bicyclette et refont le voyage qui conduisit leurs frères vers la mort, 3 mois plus tôt. Terrible épreuve pour ces jeunes que de chercher à reconnaître les corps de leurs frères parmi ces cadavres exhumés et très abimés par un mois d’exposition aux intempéries et chaleurs d’été. François reconnaît finalement le corps de Jean grâce à sa montre à gousset. Jean finit également par retrouver le corps de Paul.

Les 2 dépouilles sont ramenées à Crac’h et enterrées le 7 septembre 1944 en même temps qu’un autre FFI, Marcel MARION, tué le 26 août 1944 à Belz, dans les tombes collectives où reposaient déjà celles des combattants de la Grande Guerre.

Epreuve supplémentaire pour la famille Robino, elle ne pourra reconnaître le cadavre d’André. Elle ignore son sort, est-il parti avec les maquisards, a-t-il été fait prisonnier, déporté ? Elle ne saura ce qu’il est devenu qu’après la fin de la guerre. Le 21 juin 1945, l’abbé Jego ira à St Marcel faire exhumer la dépouille d’André qu’il reconnaîtra. André rejoindra, enfin, la sépulture de ses camarades le 23 juin 1945.

A titre posthume, Jean LE BLAVEC, Paul LE BLAVEC, André ROBINO et Marcel MARION ont été cités à l’ordre de la Division, et décorés de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre avec étoile d’argent.

Paul LE BLAVEC

Jean LE BLAVEC

Marcel MARION

Nous ne disposons pas de photo d’André ROBINO

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.