BIOGRAPHIE du Capitaine Jean LE ROL (1910 -1961) : une parcours exceptionnel au service de son pays

JEANLEROL
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Le Capitaine Jean LE ROL a consacré 31 années au service de sons pays. Il est mortellement blessé au combat le 28 janvier 1961 dans « les Médouina », secteur de Duperre en Algérie.

Né le 30 janvier 1910 à Erdeven, il est le fils de Joseph Marie LE ROL , cultivateur et de Marie Joséphine PEVEDIC, cultivatrice domicilié au bourg.

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Jean LE ROL s’engage à l’âge de à 18 ans, le 20 février 1932 pour 3 ans, au 65e régiment d’infanterie de Vannes puis pour 1 an comme sergent au 21e Régiment de tirailleurs algériens stationné à Épinal. Il se retire à Erdeven en 1932.

Le 07 mai 1934, il reprend un engagement de 4 ans au titre du 3e régiment de spahis algériens comme Brigadier. Brigadier-chef puis nommé Maréchal des Logis le 1er février 1936, il sera admis dans le corps des sous-officiers de carrière le 1er avril 1938. Alors que le régiment prend l’appellation de 3e régiment de reconnaissance le 10 avril 1943, il sert en Algérie et au sud Tunisien de 1934 à 1943. Il est promu Maréchal des Logis-Chef (MDL/C) le 1er janvier 1943.

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A partir du 26 décembre 1943, le MDL/C LE ROL prend part à la campagne d’Italie. Il sert au sein du 1er escadron, peloton de l’Adjudant-Chef RICHE jusqu’au 19 novembre 1945, à cette date il est affecté à l’escadron hors rang pour prendre les fonctions d’officier approvisionnement. Pendant cette période il sera promu au grade d’adjudant le 17 juillet 1944 puis d’adjudant-chef le 1er novembre 1944.

Durant la campagne d’Italie :

  • Il est cité à l’ordre du régiment avec attribution de la croix de guerre 39/45, étoile de bronze avec le texte suivant :

“Très belle attitude, toujours volontaire, il fait un prisonnier autrichien en descendant seul du piton où il était installé sur le massif du CAPPERSATO le 10 janvier 1944’ (Étoile de Bronze) »

  • Il reçoit une seconde citation le 8 juin 1944 à l’ordre de l’armée (croix de guerre 39/45 avec palme). Cette citation vaut attribution de la Médaille Militaire, à titre exceptionnel, pour prendre rang de la même date.

“Sous Officier remarquable de bravoure et de dévouement, chef de patrouille de chars , toujours volontaire pour accomplir les missions les plus risquées et en faisant toujours plus que ce qui lui avait été demandé. Le 20 juin 1944, à la côte 740 sur la route de Campilg à Ausedonis, a soutenu, la progression d’une compagnie d’infanterie en nettoyant des couverts, où l’ennemi s’accrochait sérieusement, seul avec sa patrouille; hors de la protection de toute arme anti chars amie. Le lendemain sur le même axe, a permis la progression de tout le groupement blindé auquel il appartenait, à travers un terrain très difficile et sous le tir direct de l’Artillerie trouvant les cheminements et entrainant derrière lui les chars moyens américains. Arrêté par un barrage de mines, est parti à pied effectuer une reconnaissance de terrain de plus de deux kilomètres sous un violent tir de mines pour continuer coûte que coûte la mission.

  • Le 11 novembre 1944, par ordre Général N°154 en date du 11 novembre 1944, la “BRONZE STAR MEDAL” (Décoration de l’Armée Américaine) lui est accordée:

« pour conduite héroïque au combat du 21 juin 1944 en Italie”.

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En août 1944, il participe à la campagne de France et débarque à Saint TROPEZ le 14 août 1944.

Durant cette campagne de France :

  • Il est cité à l’ordre de la division (3e Division d’Infanterie Algérienne -3e DIA-) le 17 octobre 1944 (croix de guerre avec étoile d’argent)

” Chef de patrouille de chars, énergique et courageux. Le 19 août 1944, à LE CAMP (NO de Toulon) a par une contre attaque rapide, permis le dégagement et le repli d’éléments amis encerclés. Le 20, devant LE BEAUSSET (NO de TOULON a par les tirs précis de ses chars, détruits une colonne de véhicules qui se repliait; A fait preuve à cette occasion d’un allant magnifique. A été un exemple de courage pour tous ses hommes.” (Étoile d’Argent)“

  • Le 08 janvier 1945, Il est cité une seconde fois à l’ordre de l’armée (croix de guerre 39/45 avec palme).

« Sous Officier, chef de patrouille de chars extraordinaire de courage et de sang froid. Exemple constant pour tous au combat. Vient à nouveau de se distinguer au cours des journées des 9, 10, 11 octobre 1944 en Direction de PLANOIS dans les Vosges ».

  • Le 31 janvier 1945 il est cité à l’ordre du corps d’Armée par le général commandant le 2è CA (croix de guerre 39/45 avec étoile de vermeil).lors de la Campagne des Vosges et Alsace.

”Chef de Peloton de grande valeur, sachant insuffler à se équipages un allant et un courage magnifiques. Manoeuvrier, connaissant parfaitement son métier, vient de participer effacement avec ses chars l’avance sur Château LAMBERT SainT MAURICE, le Col de Bussang et urbes, apportant constamment un appui efficace à l’infanterie d’accompagnement du 24 novembre au 4 décembre 1944 (Etoile de Vermeil).

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Toujours au sein du 1er escadron du 3e Régiment de Spahis il entre en Allemagne le 31 mars 1945.

 Durant cette campagne :

  • Il est cité pour la troisième fois à l’ordre de l’armée le 15 juillet 1945 et par décret de cette même date paru au  J. O. du 12 août 1945 il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur à titre exceptionnel.

 “Chef de pelotons de chars de grande valeur. Calme, courageux, d’un sang froid remarquable, s’est à nouveau confirmé du 1er au 8 avril 1945 comme entraineur d’hommes et un Chef de tout premier ordre. Le 2 avril a entrainé derrière ses chars, une unité d’infanterie qui attauait BRUCHSAL. Du 3 au 9avril, sans répit, a appuyé avec ses chars un escadron de reconnaissance et des tabors sur EPPINGEN, BAHNBROCKEN, ZAISENHAUSSEN, ZAISSERWEIHER, HORRHEIM, GROSSACH, SENHEIM , puis après une remise en état de son matériel, une unité de tirailleurs les 20,21 et22 sur RUTESHEIM et LEOMBERG. A été particulièrement brillant le 6 avril à ZAISERSWEIHER, en participant à l’assaut du village détruisant plusieurs mitrailleuses de 20, puis dépassant celui-ci en s’emparant, par une manœuvre hardie et splendidement réalisée, d’une compagnie ennemie qui arrivait en renfort faisant ainsi 67 prisonniers dont un officier et laissant une dizaine de morts sur le terrain ».

Est déjà titulaire de la Médaille Militaire, de deux citations à l’ordre de l’Armée, une au Corps d’Armée, une à la Division, une au Régiment et de la Bronze Star Metal américaine” campagne d’Allemagne.

  • Le 16 août 1948, il reçoit une citation de l’armée britannique avec attribution de la MILITARY MEDAL (médaille anglaise).

“Sous Officier remarquable de bravoure et de dévouement, chef de patrouille de chars , toujours volontaire pour accomplir les missions les plus risquées et en faisant toujours plus que ce qui lui avait été demandé. Le 20 juin 1944, à la côte 740 sur la route de Campilg à Ausedonis, a soutenu, la progression d’une compagnie d’infanterie en nettoyant des couverts, où l’ennemi s’accrochait sérieusement, seul avec sa patrouille; hors de la protection de toute arme anti chars amie. Le lendemain sur le même axe, a permis la progression de tout le groupement blindé auquel il appartenait, à travers un terrain très difficile et sous le tir direct de l’Artillerie trouvant les cheminements et entrainant derrière lui les chars moyens américains. Arrêté par un barrage de mines, est parti à pied effectuer une reconnaissance de terrain de plus de deux kilomètres sous un violent tir de mines pour continuer coûte que coûte la mission »

L’Adjudant-Chef LE ROL est promu Sous-Lieutenant le 25 mars 1946 puis Lieutenant le 25 mars 1948.

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Le Lieutenant LE ROL est désigné en octobre 1949 pour servir en Extrême-Orient et affecté à la 3e compagnie de combat du 2e régiment de tirailleurs marocains (3/2 R T M) au Centre Annam à compter du 8 novembre 1949.

  • Au cours de ce séjour il est cité à l’ordre de la division et reçoit la croix de guerre des théâtres d’opérations avec étoile d’argent.

« Officier qui a fait preuve comme chef de section d’infanterie, puis comme officier de Renseignements d’un calme, d’un allant et d’un courage remarquable.Le 10 janvier 1952 au village d’OME (Tonkin) a guidé à pied sous un feu nourri d’armes automatiques adverses des A. M. qui venaient prendre position. Le 12 janvier 1952 au village de LAI HA (Tonkin) sur une digue battue par le feu des rebelles, a dirigé personnellement le tir d’un char sur les armes de l’adversaire empêchant la progression des éléments d’attaque. A rejoint ensuite ses éléments pour pénétrer à leur tête dans le village ».

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A son retour d’Extrême Orient, les affections l’amèneront à servir successivement en métropole et en Afrique du Nord.

Affecté au 7e groupe de spahis algériens à SENLIS à compter du 26 juillet 1952 à son retour d’Extrême-Orient, il effectue un séjour de maintien de l’ordre en Tunisie. Rejoignant le 4e régiment de spahis Tunisiens à SFAX, il prend le commandement des unités territoriales et supplétifs de KASSELRINE puis de SFAX.

Il est promu capitaine le 1er avril 1956. Le 4e régiment de spahis tunisiens devient le 4e régiment de spahis à cheval le 15 novembre 1956. Il retrouve en Allemagne le 3e régiment de spahis Algériens le 1er mars 1957. A sa demande il repart en Algérie le 1er janvier 1959 et intègre le 2° groupe de compagnies nomades avant d’être  muté comme officier de renseignement au 5e régiment de spahis, sa dernière affectation.

Au cours d’une opération d’exploitation d’un renseignement dans le douar de Mediouna, sous quartier de Rouina, ZOA (Zone Ouest Algérois), proche de la ville de Duperré, le capitaine LE ROL est mortellement blessé et décède au cours de son transfert en hélicoptère.

  • A titre posthume il sera promu au grade d’officier de la légion d’honneur avec attribution de la croix de guerre avec palme (citation à l’ordre de l’armée).

” Officier remarquable par son calme , son sang froid et son courage qui possède au plus haut point le sens du devoir et le respect de la Mission qui lui a été confiée, mettant tout en œuvre pour la remplir.Officier de renseignement du Quartier de DOUI payant de sa personne, a réussi en quelques mois à démanteler une partie de l’organisation Politico-administrative du Quartier, mettant hors de combat 13 commissaires politiques et s’emparant de 39 armes.

A été grièvement blessé le 28 janvier 1961 dans les Médiouna (Secteur de DUPERRE) au cours d’une exploitation de renseignements, qui a permis de mettre hors de combat un chef de commando terroriste et de saisir une arme de guerre » .

 ***

Témoin de son exceptionnel parcours de combattant, Le capitaine LE ROL totalisera au cours de sa carrière :

  • 8 citations dont 4 à l’ordre de l’armée (palme), 1 à l’ordre du corps d’armée (étoile de vermeil), 2 à l‘ordre de la division (étoile d’argent), 1 à l’ordre du régiment (étoile de bronze).
  • 1 citation de l’armée britannique avec attribution de la « MILITARY MEDAL » (médaille anglaise).
  • L’attribution de la “BRONZE STAR MEDAL” (médaille américaine).

Il est titulaire en particulier :

  • De la croix de guerre 39/45 (3 palmes, 1 étoile de vermeil, 1 étoile d’argent, 1 étoile de bronze),
  • De la croix des théâtres d’opérations extérieures [TOE] (1 étoile d’argent),
  • De la croix de la valeur militaire (palme à titre posthume).
  • De la croix du combattant,
  • De la médaille coloniale
  • De la médaille commémorative 39/45 avec agrafe « AFRIQUE, ITALIE, LIBÉRATION, ALLEMAGNE »
  • De la médaille de reconnaissance de la France libérée,
  • De la médaille commémorative Indochine
  • De la médaille commémorative de la campagne d’Italie.

Il sera décoré à titre exceptionnel :

  • De la Médaille militaire,
  • De la Légion d’Honneur au grade de Chevalier puis d’Officier (à titre posthume).

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PHOTOS

Les photos sont issus de la collection personnelle de monsieur Joseph LE ROL (porte drapeau du comité) et neveu du capitaine LE ROL ainsi que du musée des spahis de Senlis (mention inscrite)  avec leur aimable autorisation.

Le tirailleur LE ROL à Épinal en tenue orientale en début de carrière
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Les décorations du capitaine LE ROL en fin de carrière
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Insigne du 3e régiment de spahis Algériens
le cavalier LE ROL en 1934

Le brigadier-chef et Le cavalier LE ROL en 1934 à Batna devant l’infirmerie vétérinaire.
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Maréchal des Logis le 1er février 1936 à Batna

Les recrues indigènes Biskra 1938,  4e escadron du 3e régiment de spahis
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Maréchal des logis chef, 1er janvier 1943
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Écusson textile du 3°RSAR de l’époque, celui qui était cousu directement sur le blouson américain équipant le régiment
photo musée des saphis de Senlis
REMISE MEMILITALEROL

MDL/C LE ROL reçoit la Médaille Militaire des mains du général de Gaulle
photo musée des saphis de Senlis
medmilitaire

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FANIONSREVERS

Avers du fanion du 1er escadron du 3e régiment de spahis, 1945
photo musée des saphis de Senlis
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Le 1er Escadron du 3ème Spahi Algérien en mars 1945 lors d’une prise d’Armes à STRASBOURG

LEGHONNEUR LAROL

Attribution de la croix de chevalier de la légion d’honneur
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 Le lieutenant LE ROL porte étendard le 14 juillet 1949

Février 1952, le lieutenant LE ROL devant les chars Sherman en compagnie du docteur Capdevielle et du capitaine Sidarci

Indochine: Opérations de la RC9 le lieutenant LE ROL à droite sur la photo

Le Lieutenant LE ROL : quartier du 7e régiment de spahis le 8 mai 1953

 

 

TEMOIGNAGES

Extraits du livre « Panache Rouge » du Colonel Lassale, où il est plus particulièrement question du M.d.L-chef LE ROL lors des actions des 9 et 10 juin 1945 à Trougemont dans les Vosges. Le Mdl Chef LE ROL (Pilote METAYER, Tireur GRIMALD) fait partie du 3éme Peloton (A/C PAYRE) du 1er Escadron du 3ème RSA

9 OCTOBRE 1944

Adjudant Chef PAYREL’A/C PAYRE chef du 3ème peloton à sa place de Combat

 

Les chars pour nous, c’est plutôt le char PAYRE tout seul. En effet, FERRARI est tombé en panne et DROUARD, momentanément démoralisé, Mais un renfort arrive à PAYRE…. C’est le char de LEROL Les trois chars restants du Peloton PAYRE démarrent à l’aube en direction de TROUGEMONT

Le char de DROUARD est en tête mais, tout de suite, trouvant qu’il ne va pas assez vite à son gré, LE ROL le dépasse, puis PAYRE. Et la progression commence.

Sur un pont étroit, avant d’entrer à TROUGEMONT, LEROL commence sa journée en ramassant deux prisonniers puis poursuit jusqu’au dernier couvert aux lisières du village. PAYRE le suit, le buste hors de sa tourelle, appelant les destroyers qui marchent, plus que prudemment dans son sillage. Et, brusquement les chars sont pris sous un tir violent et ajusté d’artillerie boche… Les arrivées se suivent sans interruption, encadrant dangereusement les M.5 et les T.D. qui stoppent aussitôt. Le char de LE ROL est couvert de terre par un obus, sans casse pour l’équipage. PAYRE a moins de chance. Un obus éclate à côté de son engin et PAYRE s’effondre. Un éclat lui a traversé l’épaule de part en part, fracassant les os. Il ne reste plus qu’à faire demi-tour.

Et voici LE ROL tout seul, mais plus décidé que jamais, son « pifomètre » (comme le dit son Capitaine) lui annonçant une situation favorable. Et il fonce.Une automitrailleuse allemande est embossée aux premières maisons de TROUGEMONT… LE ROL arrive dessus et tire le premier, à 50 mètres… L’engin boche flambe au premier coup… Le conducteur METAYER appuie sur le champignon, passe le village, débouche en avant de PLANOIS, dans le flanc de canons antichars et de mitrailleuses de D.C.A. Les servants ennemis ont à peine le temps de voir le bolide qui leur arrive dessus… Les mitrailleuses crachent.Il n’y a plus de servants. Le premier canon est pris. Mais, derrière lui, il y en a un deuxième, LE ROL fonce à pleins pots en tirant de toutes ses armes, Le second canon subit le sort du premier, ses servants littéralement fauchés avant d’avoir pu ébaucher la moindre réaction. LE ROL entre dans PLANOIS,

Puis LE ROL reprend sa marche, la route est libre et METAYER fonce. Tout seul le char atteint LA CROIX DES MOINATS d’où il découvre son objectif final : LA BRESSE. Et il se trouve soudain nez à nez avec une voiture de liaison allemande précédant un canon pack flac. Mitrailleuses crépitantes, le char de LEROL se rue une fois de plus à l’abordage, essuie un panzerfaust qui passe à trois mètres derrière lui et s’empare de la V.L., du canon et de huit prisonniers.

La course continue et LE ROL fait à nouveau le signe en avant.

Le 11 OCTOBRE 1944. LE ROL est de nouveau en tête. Mais il n’a pas fait 50 mètres sur l’axe qu’il se heurte à des mines. Le Génie arrive, dégage le passage et LE ROL repart… pour être arrêté de suite par des abattis. Nouvelle intervention du Génie, pendant laquelle LE ROL observe la progression des Fantassins des deux côtés de la route. Soudain le feu ennemi se dévoile et des rafales partent de toute part. L’Infanterie, durement accrochée sur ce terrain difficile, appelle à l’aide. LE ROL crie à son tireur GRIMALDI de tourner la tourelle pour appuyer les Fantassins. C’est vite fait, mais, pour mieux repérer les armes ennemies, LE ROL et GRIMALDI sortent la tête de leur tourelle. Crépitement sec d’une rafale, griffures de balles sur le blindage. Tous deux retombent sur leurs sièges et LE ROL crie à GRIMALDI de tirer. Mais ce dernier n’exécutera jamais plus les ordres de son Chef de char. Il est mort, tué d’une balle dans le cou.

***

Extrait du récit authentique (“pour autant que ma mémoire soit fidèle”) de la mort tragique du capitaine LE ROL, survenue fin janvier 1961 dans le douar de Mediouna, sous quartier de Rouina, ZOA (Zone Ouest Algérois), proche de la ville de Duperré, aujourd’hui Aïn Defla. Par le Sous-lieutenant Dominique Vanthier, chef d’un peloton blindé au 6ème escadron du 5ème RSA,

“Le capitaine Le Rol, officier de renseignement du 5ème RSA, apprend de source sûre qu’un ou plusieurs rebelles sont hébergés dans une mechta. Il s’y rend pour les faire prisonniers. Je reçois l’ordre de me porter en soutien de l’opération. Je rejoins le capitaine que je connais bien. Il porte la veste rouge et le képi bleu ciel de tradition des officiers de Spahis. Salut et poignée de main. Le capitaine derrière lequel je me tiens, frappe à la porte. Il ouvre la porte et reçoit une décharge de chevrotines en pleine poitrine. Sous le choc il tombe dans mes bras. Avec l’aide du pilote de ma jeep, je porte le capitaine sur le capot de la voiture. Je donne l’ordre à mon sous-officier adjoint de contacter le PC du régiment et demander une évacuation sanitaire urgente. Le capitaine râle, ses yeux deviennent vitreux. Je lui adresse quelques mots d’encouragement et je lui prends la main. Il meurt. Je ferme les yeux de ce brave officier de Spahis.”

***

Témoignage du 16 févier 1961

J’apprends que le Capitaine LE ROL, votre frère, vient de tomber en Algérie. Cette nouvelle me fait beaucoup de peine, ayant connu votre frère pendant la campagne e 39/45 au 3ème Spahis, où il avait eu une conduite héroïque. J’étais resté en très bons termes avec lui et je l’avais toujours rencontré avec beaucoup de plaisir. En dehors de mon admiration pour ses qualités de Soldat, nous apprécions tous sa camaraderie exemplaire et son dévouement à l’Armée. Tous ceux qui l’ont connu, à qui j’ai pu en parler ces temps-ci partagent mon opinion et mon chagrin….

 

 

 

COURRIERS OFFICIELS ANNONÇANT LE DÉCÈS

 

Lettre du 28 Janvier 1961 du Lieutenant-colonel Adrien TESTE du 5e régiment de spahis.

suite

Courrier du 30 janvier 1961 du Colonel commandant le 5e régiment de spahis

LES FUNÉRAILLES

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Le cercueil quitte la mairie pour l’église
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L’allocution du maire d’Erdeven

Allocution prononcée par le commandant DESFOSSES du 5e régiment de spahis: 

Capitaine Jean Marie LE ROL

Vous êtes tombé mortellement blessé Samedi 28 janvier 1961 dans les Médiouna, alors qu’à la tête d’un détachement de Spahis vous aviez encerclé une mechta dans laquelle s’était réfugié un chef rebelle.

Vos dernières paroles à votre adjoint vous dépeignent dans leur laconique : « Le capitaine LE ROL est mort »

Vous deviez en effet mourir dans l’hélicoptère qui vous transportait à l’Hôpital Militaire d’Alger. La balle que vous aviez reçue en pleine poitrine tirée presque à bout portant, ne laissait que très peu d’espoir.

La consternation la plus grande, la douleur la plus vive, les regrets les plus sincères frappèrent le Régiment à l’annonce de votre décès. Vous étiez unanimement aimé et apprécié par tous ceux qui avaient eu l’occasion de vous connaître.

Vos débuts dans la carrière militaire remontent à l’année 1928, où vous vous engagez au 65e R I Sergent en 1929.

Vous vous engagiez en 1934 en qualité de brigadier au 3ème Régiment de Spahis Algériens, l’Afrique du Nord vous tenait et vous ne deviez plus la quitter que pour aller guerroyer en Italie, en France, en Allemagne où vos qualités militaires exceptionnelles vous valaient une ample moisson de citations prestigieuses dont une à l’Armée Britannique, l’autre à l’ordre de l’Armée Américaine. Entretemps la Médaille Militaire vous était décernée à titre exceptionnel en 1944, et alors que vous étiez Adjudant-chef, la Légion d’Honneur à titre exceptionnel venait récompenser votre bravoure. En 1946, l’épaulette de Sous-lieutenant venait couronner une carrière de chef de peloton de chars en tout point remarquable.

Lieutenant en 1948, vous partiez pour l’Extrême Orient en 1949, où vous étiez affecté au III/2°RTM où vous serviez jusqu’en 1952. Une citation à l’ordre de la Division récompensait le Chef de section et l’Officier de renseignements qui comme toujours avait fait preuve « d’un calme, d’un allant et d’un courage remarquable. »

A votre retour d’Indochine, c’est en Tunisie, dans des circonstances particulièrement ingrates et difficiles que vous continuez à servir avec le même calme, la même volonté d’accomplir coute que coute votre mission.

En 1956, vous êtes promus Capitaine et en 1957 vous rejoignez en Allemagne le 3e RSA, votre ancien Régiment.

L’Europe ne vous retient pas longtemps et en 1958 déjà, vous faites votre possible pour revenir sur cette terre d’Afrique. Le 1er janvier 1959 vous êtes affecté au 2° Groupe de Compagnies nomades d’Algérie avant d’être mité au 5e Régiment d Spahis que vous n’avez plus quitté.

Vos dix citations dont six à l’ordre de l’Armée mettent en valeur vos prestigieuses qualités militaires.

Elles soulignent toutes votre calme, votre sang froid, votre mépris souriant du danger votre sens du devoir et le respect au plus haut point de la mission reçue qu’il faut accomplir à tout prix.

Mais nous qui vivions à vos côtés nous avons pu apprécier vos grandes qualités humaines faites de bonne humeur, de bonté, de charité et d’indulgence. Votre timidité naturelle, votre discrétion et votre réserve n’arrivaient pas à les cacher longtemps.

Ce sont elles surtout, que vos chefs, vos camarades, vos subordonnés, vos amis, réunis ici pour vous dire adieu pleurent aujourd’hui.

Capitaine LE ROL, vous avez été un magnifique officier de cette Cavalerie d’Afrique, à laquelle vous étiez si attaché.

Au nom du 5e Régiment de Spahis et de tous vos amis, Capitaine Jean-Marie LE ROL je vous dis « ADIEU »

ERDEVENLEROL

La tombe dans le cimetière d’Erdeven
La municipalité d’Erdeven a rendu un hommage particulier au Capitaine LE ROL en donnant son nom à une rue en 2013

LE CHANT DES SPAHIS

Lettre du Colonel CHALLAN -BELVAL

« C’est un soir de 1960, en évoquant les souvenirs du 3e avec le Capitaine LE ROL (alors officier de renseignements du 5e Spahis » que la version de du chant des Spahis avait été retrouvée… LE ROL devait être tué quelques jours plus tard en exploitant un renseignement dans la Région de DUPERRE

Relions donc pieusement ce texte à son souvenir et à celui de tous les camarades tombés comme lui sur le sol d’Afrique dans l’accomplissement de leur devoir.

Pour écouter le chant des spahis, cliquez sur le lien ci-dessous :
Chant des Spahis

I

Humble troupier à la capote grise,

Et toi lancier au casque étincelant,

Hussard fringant dont la moustache frise,

Inclinez-vous devant ces régiments,

Et quand la poudre, comme la foudre,

Eclate et tombe au milieu du combat,

Tout est carnage, sur leur passage,

L’ennemi fuit et ne résiste pas.

(au refrain)

Refrain

Les Mousquetaires, sur cette terre,

Sont les Spahis aux burnous bleus et blancs,

Arrière ! Arrière ! troupes guerrières,

Vous ne vaincrez jamais ces Régiments.

II

Et vous verrez, sur leurs faces brunies,

De longs sillons, que le fer y creusa,

Et à leurs pieds, les têtes ennemies,

Qu’en moissonnant, leur yatagan faucha,

Jeunes et frivoles, à notre école,

Si vous voulez gagner vos éperons,

C’est dans la plaine, nord-africaine,

Qu’il faut venir, et nous vous dresserons.

(au refrain)

III

Vous y verrez sous un plafond d’étoiles,

A la lueur d’un feu de bivouac,

Qu’un Spahi peut sous sa guitoune de toile,

Dormir en paix ou fumer son tabac,

Et dès l’aurore, qu’il peut encore,

Marcher gaiement, sous un soleil de feu,

Sans une goutte, d’eau sur sa route,

Ni un biscuit, en guise de pot-au feu.

au refrain)

IV

Peut-être un jour, lirez-vous dans l’Histoire,

Nos noms gravés, auprès de noms glorieux

Car si on meurt, par un soir de Victoire,

Le nom lui reste, et l’âme monte aux cieux.

Le Mousquetaire, sur cette terre,

Eut-il jamais de sort plus émouvant,

Car s’il succombe, il a pour tombe,

Le sol d’Afrique, arrosé de son sang.

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