LA FAMILLE GUILLO de Ploëmel: une famille de résistants et la déportation

La Famille GUILLO originaire de Ploëmel (56) paiera un lourd tribut à son engagement dans la résistance. André GUILLO et son beau fils louis GUEGUEN, Théophile GUILLO et son fils Joseph, seront déportés comme résistants ou raflés. Seul Théophile reviendra des camps de concentration non sans avoir vécu le drame de voir son fils périr en mer.

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André GUILLO

Né le 23 janvier 1899 à Ploëmel (Morbihan), condamné à mort le 7 juin 1944, gracié à Rennes (Ille-et-Vilaine), mort en déportation le 15 avril 1945 à Neuengamme (Allemagne) ; gendarme ; résistant FFI.

Fils de Joseph Marie GUILLO et de Marie Ambroisine LE PRADO, cultivateur, marié le e 11 février 1922 avec Marie Joséphine LE FLOCH (veuve de LE DREVO voir onglet Ploëmel 14/18), André GUILLO, ancien combattant de la Première guerre mondiale était décoré de la Médaille interalliée dite de la Victoire, Croix des services militaires volontaires, Croix du combattant volontaire avec barrette 1914-1918.

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Ses 4 premières années d’engagement

Il s’engage à Vannes le 28 avril 1917 pour le 28e régiment d’artillerie (R.A.),  il servira successivement au 22e RA (16 avril 1918) ou il nommé brigadier en décembre de la même année, le 30 mai au 2e RA, le 25 mai 1919 au 13e RAC (régiment d’artillerie coloniale) et promu Maréchal des Logis le 18 octobre et artificier le 30. Il est affecté au 1er Bataillon de Marche du Levant le 1er janvier 1920 puis au 272e RA à la dissolution du Bataillon et enfin au 35e RA à son retour de Beyrouth le 1er janvier 1921. Il est renvoyé dans ses foyers le 17 avril 1921 et se retire à Ploëmel. le relevé de ses campagnes précise: contre l’Allemagne d’avril 1917 à avril 1919, dans l’armée d’Orient d’avril à  novembre 191, En Cilicie de novembre 1919 à août 1920, au levant d’août 1920 à janvier 1921

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En gendarmerie

En novembre 1921 il est affecté comme gendarme à la légion de gendarmerie de Corse et affecté à Bastia. il part suivre sa formation à l’école de gendarmerie de Mamers du 28 novembre 1921 au 13 mars 1922.  Le 19 février 1926, il rejoint la 11e légion de gendarmerie

En 1940, André Guillo était adjudant-chef, commandant la brigade de Pontivy (Morbihan).

Il entre dans la Résistance en avril 1942 (membre du réseau « Action du Morbihan » en 1943, nom de guerre alias Chim) sous le commandement du chef d’escadron Guillaudot, à la caserne de gendarmerie de Vannes. Il entreprend en 1943 le recrutement d’une compagnie de F.F.I. dont il prend le commandement. Nommé capitaine dans le Résistance le 1er mars 1944.  Il cache chez lui un dépôt de munitions et héberge Jean Cholet, officier instructeur  parachuté par Londres avec son chien, un berger allemand. Il est arrêté le 31 mars 1944 à son domicile, la caserne de gendarmerie de Pontivy, suite à une dénonciation, puis emprisonné à Rennes. Le tribunal militaire allemand FK 748 le condamne à mort le 07 juin 1944 avec une trentaine de résistants. Il fut gracié le lendemain, jour même où il devait être exécuté, sa peine commuée comme ce fut le cas parfois pour les gendarmes. Il fait partie du dernier convoi de déportés parti de Rennes le 3 août vers l’Allemagne. Arrivé le 15 août à Belfort, il est dirigé le 29 août 1944 vers Neuengamme.(Matricule 43798). l fut affecté au commando de Bremen Farge pour la construction d’un abri pour sous-marins. Il mourut d’épuisement après quatre journées de marche pour regagner le camp de Neuengamme et par les coups infligés lors du trajet. Il est porté disparu le 14 avril 1945.

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Reconnu Mort pour la France, André Guillo a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur et décoré de la Croix de guerre 1939-1945 avec palme.

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Dans le Morbihan, son nom est gravé sur une stèle commémorative à Neuillac, en bordure de la route départementale 191, entre Kergrist et Pontivy, près du village de Kerlogoden. – « La Compagnie mobile du 3e bataillon FFI en souvenir du combat de Kerlogoden et de ses morts pour la France. A l’éternel esprit breton toujours prêt à défendre la France » ainsi que sur les monuments aux morts de Pontivy et de Ploëmel.

 

La dernière lettre qu’il a écrit à sa mère

Vannes le 21 février 1944,
Chère mère,
C’est bien le plus gros chagrin que je vais te causer, car je suis condamné à mort je n’espérais pas un tel sort mais il n’y a rien à faire le jugement est fini. Le plus dur ce n’est pour moi c’est pour vous tous Odette Robert et Jean ainsi que tante Lulu. Et dire que je ne pense pas vous voir avant. N’ayez pas trop de chagrin je sais que ce sera dur pour vous mais ayez du courage. Je t’ai fait souffrir maman et tu vas encore plus cette fois-ci mais tu vois ce que c’est en écoutant la parole de l’adjudant Guillo et du Capitaine de Pontivy qui me promettait que je n’aurais rien à craindre en remettant les armes c’est moi qui me suis condamné. Quand je pense au chagrin que cela va vous faire ça me donne de la peine mais tu pourrais dire que ton fils meurt en brave. Les camarades Pedron, Le Belle, Goumon sont aussi condamnés. il passe en même temps que moi. Je t’embrasse bien fort pour une dernière fois ainsi que Odette Robert tante Lulu. Embrasse toute la famille.
Et pour une dernière, Adieu
Ton fils Dédé
Source:  https://maitron.fr/spip.php?article166989, notice GUILLO André, Émile, Louis par Delphine Leneveu, Annie Pennetier, version mise en ligne le 29 octobre 2014, dernière modification le 11 septembre 2021.       http://memoiredeguerre.free.fr/deportation/56/deportes56-fg.htm                       Archives départementales.

 

Louis GUEGUEN

Louis GUEGUEN, Né le 04/06/1916 à Quiberon, beau fils d’André GUILLO (ci-dessus). Mort en Déportation le le 05/05/1945 à Gusen en Autriche.

Louis GUEGUEN est le fils d’Ambroise GUEGUEN et de Marie Anne PLOUZENNEC, marié avec Suzanne LE DREVO le 22/08/1938 à Ploëmel (56).

Il est fait prisonnier de guerre au moment de l’armistice dans la région de Nantes,  il s’évade du camp et passe en zone libre sous le pseudonyme de Charlot Dumoulin, nommé instituteur en 1941 à Saint Sauveur près d’Argelès Gazost, il revient en zone occupée au printemps 1942 et est nommé à Saint Gouvry  près de Rohan puis à Evriguet en octobre 1943.

Il entre dans la résistance avec son beau-père André GUILLO (voir ci dessus) et le frère de ce dernier Théophile voir ci dessous), il est arrêté comme otage le matin du 20 janvier 1944 lors de la rafle de Guilliers., déporté de Compiègne le 22 mars 1944 vers le KL Mauthausen le 25 mars 1944, Matricule: 60034. Il décède  le 4 mai 1945 à Gusen en Autriche.

Source: http://memoiredeguerre.free.fr/deportation/56/deportes56-fg.htm

Théophile GUILLO

Né le 21 janvier 1896 à Ploëmel (56),  fils de Joseph Marie GUILLO et de Marie Ambroisine LE PRADO, frère d’André GUILLO, déporté au camp de Neuengamme (Allemagne). Rentré de déportation le 22 mai 1945.

Il s’engage dans l’armée à 18 ans pour 4 ans à Lorient le 29 avril 1914. Il servira au 116e régiment d’infanterie (RI) [ caporal le 10/10/1914, sergent le 04/05/1916] et sera ensuite affecté au 96e RI le 17 janvier 1919.
Au cours de la Première Guerre mondiale, il s’illustre particulièrement et est blessé à deux reprises.

Il entre dans la Gendarmerie le 24 mars 1920. Commandant de brigade le 10 mars 1925, il est promu maréchal des logis-chef le 1er février 1927, puis adjudant le 10 octobre 1933. Il est nommé sous-lieutenant le 25 juin 1937 et prend le commandement de la section de Ploërmel avec le grade de lieutenant.
Réfractaire à toute collaboration avec l’ennemi, il s’engage dans la lutte contre l’Occupant dès la signature de l’Armistice. Son action vise à assurer la protection de la population livrée aux excès des soldats allemands, aider les réfractaires au STO et secourir les aviateurs alliés dont les appareils ont été abattus. Il est également chargé de recueillir et d’exploiter le renseignement, de veiller au recrutement, à l’équipement et à l’instruction des maquis.
À la fin de 1942, il participe à la mission « Cockle » qui a pour objet d’organiser la réception des parachutages d’armes destinées à équiper les maquis.
Il fait entrer son commandant, le chef d’escadron Guillaudot dans le réseau. Lorsque celui-ci fonde le réseau « Action », il entre dans son état-major et est chargé chargé d’organiser les liaisons radio avec Londres pour le réseau. Après l’arrestation de Maurice Guillaudot, il devient le chef d’état-major de l’ASM, commandée par Paul Chenailler. Promu capitaine par la France Libre, Théophile Guillo alias « Chuais », organise activement la résistance armée.
Il est arrêté le 28 mars 1944 à Ploërmel par la Gestapo. Torturé, il ne livre aucun secret et est déporté au camp de Neuengamme (Allemagne), Matricule 39449. Sous yeux, il verra la disparition de son fils dans la tragédie du cap Arcona (vir ci dessous)Il est libéré le 3 mai 1945 dans la Baie de Lübeck-Neustadt.

Il rentre de déportation le 22 mai 1945

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Il reçoit à Vannes le 22 juillet 1945 la croix de chevalier de la Légion d’honneur des mains du général de Gaulle. Il est promu capitaine en 1952.
Chevalier de la Légion d’honneur, Théophile Guillo est aussi titulaire de la Croix de guerre 1914/1918 avec palme, de la Croix de guerre 1939/1945 avec palme ainsi que de la Médaille de la Résistance.

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La caserne de gendarmerie de Ploërmel ainsi que celle de l’escadron de gendarmerie mobile de Vannes portent le nom du Capitaine Guillo. La salle de traditions de la caserne de gendarmerie de Vannes porte les noms des capitaines Guillo et Louarn.

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Une rue de Ploëmel(56) passant devant la maison familiale porte son nom.

source: https://www.morbihan.gouv.fr/Services-de-l-Etat/Securite-et-protection-des-personnes/Groupement-de-gendarmerie-departementale-du-Morbihan/Le-musee-Guillaudot/Quelques-portraits.    http://memoiredeguerre.free.fr/deportation/56/deportes56-fg.htm  https://rechercher.patrimoines-archives.morbihan.fr.

GUILLO Joseph

Né le 10 octobre 1923, déporté au camp de Neuengamme (Allemagne), il meurt en déportation dans la Baie de Lübeck le 03 mai 1945.

Joseph Guillo est le fils de Théophile Guillo, frère d’André GUILLO ci-dessus.  Résistant, il est arrêté le 8 mars 1944 par la Gestapo suite à une dénonciation, au hameau de Guinard à Ploërmel, en compagnie de René Chantrel et Paul Éon, au cours d’un déplacement de containers d’armes. Incarcéré à la prison de Rennes, il est dirigé sur Compiègne le 29 juin 1944, puis déporté vers Neuengamme le  28 juillet 1944.( Matricule: 39910). Il décède sous les yeux de son père (voir ci-dessus) dans la tragédie du Cap Arcona, dans la baie de Lübeck le 3 mai 1945.

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La tragédie du cap Arcona

Durant les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, face à l’avancée des troupes russes et britanniques, les nazis évacuèrent un à un les camps situés le plus à l’est, jetant sur les routes des milliers de prisonniers en direction de l’ouest. Beaucoup d’entre eux ne survécurent pas à ces marches de la mort. Ne sachant que faire des survivants des camps de Neuengamme, au sud d’Hambourg, et de Fürstengrube, près d’Auschwitz, les nazis les parquèrent sur un ancien paquebot de luxe, le «Cap Arcona».

Le 3 mai 1945, cinq jours avant la capitulation des nazis, alors que le «Cap Arcona» naviguait dans la baie de Lübeck, sur la Baltique, il fut bombardé par les avions de l’armée britannique. Le navire s’embrasa, puis sombra. La plupart des prisonniers périrent dans les flammes. À peine 500 d’entre eux survécurent au naufrage, rejoignant la terre ferme en nageant dans une eau qui ne dépassait pas 7 degrés.

Source : http://www.slate.fr

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