Biographie du Colonel Félix BRUNET 1913 – 1959 : un grand soldat inhumé dans le cimetière de Quiberon

Le colonel Félix BRUNET succombe à une affection cardiaque le 5 décembre 1959 à Colomb-Béchar, mort pour la France après 27 année exceptionnelles consacrées à son pays et au sein de l’armée de l’air. Aviateur d’élite, baroudeur, remarquable entraîneur d’hommes, il a marqué de sa forte personnalité vingt années d’opérations aériennes de guerre.

Né le 01 janvier 1913 à LOOS (Nord). Il est issu d’une famille originaire du Morbihan. Son père étant mort au combat durant la première guerre mondiale, Félix est pupille de la nation.

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En 1927, il entre à  » La Joliverie « , l’Institut Catholique Professionnel de Nantes qui est situé sur la commune de Saint-Sébastien-sur-Loire.Pour les vacances, il rentre à Belle-Ile-en-Mer, où habite son oncle Pierre Brunet, qui est Prêtre instituteur à l’Ecole des Frères de Baud, et également capitaine de réserve.

A 19 ans, il s’engage dans l’armée de l’Air comme élève mécanicien à la base de Bordeaux. Admis par la suite à l’Ecole de l’Air de Versailles, il en sort sous-lieutenant, breveté pilote et observateur en avion, en septembre 1938. Fin 1938, il intègre la 35e escadre aérienne à Pau, 4e escadrille du groupe de bombardement II/35 sur Amiot 143. Il est par la suite affecté au Centre d’essai du matériel aérien d’Orléans, de février à juin 1940. Après l’armistice du 22 juin 1940, il sert au groupe aérien d’instruction de chasse d’Oran, puis en octobre à l’escadre de chasse no 6 à Dakar sur Curtiss H 75.

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A partir de novembre 1942, il participe aux combats de la combats de la France Libre. Après le débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, il rejoint  sur Curtiss P-40 Warhawk, au groupe de chasse II/5 « La Fayette » avec lequel il participe aux opérations en Tunisie en 1943, Il obtient lors de celles-ci sa première citation à l’ordre de la division aérienne.

En juin 1943, il est placé à la tête du groupe de chasse I/3 « Corse » opérant sur Spitfire Mk.IX. Le 29 septembre 1943, il remporte sa première victoire aérienne en abattant un Arado Ar 196 lors d’un patrouille entre Bastia et l’île d’Elbe. Le lendemain, lors d’une mission similaire, il abat, en collaboration avec ses équipiers, un Messerschmitt Me 323.

En juin 1944, il est nommé capitaine et participe à de nombreuses opérations consécutives au débarquement de Provence. Il reçoit alors de nombreuses citations pour son courage et ses qualités. En novembre 1944, il est blessé au cours d’une mission d’escorte de bombardiers.

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Aussitôt après la fin de la guerre, il demande à combattre en Indochine française. ll effectuera au total 9 ans de séjour.

Il  participe aux missions de pacification du Cochinchine. Lors de l’une de celles-ci, son appareil est victime d’une panne moteur qui le blesse grièvement ; malgré tout il refuse de se laisser évacuer et après une période de convalescence retourne au combat.

Il opère ainsi au Laos, sur les plateaux Moïs et dans le Sud Annam, effectuant des missions d’appui-feu, de destruction des bases rebelles, de parachutages et même des missions de reconnaissance photographique. Lors de l’une de celles-ci, il est à nouveau victime d’une panne moteur qui l’oblige à se poser sur un terrain accidenté ; son appareil de brise et le blesse grièvement.

En octobre 1947, il prend la tête du groupe de chasse I/IV « Dauphiné ». Entre 1949 et 1951, il est placé à la tête Groupement aérien tactique sud basé à Saïgon. Nommé nommé lieutenant-colonel et reçoit le commandement de la base aérienne Cat Bi à Haïphong. Début mars 1954, Félix Brunet fait la connaissance à Cat-Bi du commandant de parachutistes Marcel Bigeard,. Il continue effectuer des missions sur tous types d’appareils et participe à toutes les missions aussi bien dans le delta du Tonkin, au Laos, aux batailles de Nghia Lo, Vinh Yen, Na San et Diên Biên Phu.

Lors cette guerre, il entrevoit les possibilités des hélicoptères qui ne sont alors utilisés que pour les évacuations sanitaires. il est cité de nombreuses fois.

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A son retour d’Extrême Orient, les affections l’amèneront à servir successivement en Afrique du Nord en métropole pour de courts séjours.

En 1954, Félix Brunet est affecté en Afrique française du Nord où il commande la base aérienne 156 Sidi-Ahmed à Bizerte. Il y vole sur avion à réaction et étudie les problèmes techniques rencontrés sur le matériel qui lui est confié.

Après deux ans à ce poste, il effectue une transformation sur hélicoptère au Bourget-du-Lac, puis, nommé colonel, prend le commandement de l’escadre d’hélicoptères no 2 à Oran-La Sénia, le 1er novembre 1956 et lui donne sa devise « Combattre et sauver». Son unité est alors composée de trois escadrilles équipées de Bell 47G, de Sikorsky H-19 et de Sikorsky H-34.

Fin 1958, il part suivre des cours à l’Institut des hautes études de défense nationale à Paris.

En août 1959, il insiste pour revenir en Algérie, où il prend le poste de commandant de l’Air de Colomb-Béchar. Il s’y distingue à nouveau au-dessus du Sahara passant outre les recommandations des médecins. Le , victime d’une affection cardiaque, il décède à Colomb-Béchar.

Le général Léon Jouhaud, qui prononcera son éloge funèbre déclarera:  » Félix Brunet a été foudroyé comme un chêne… « . Le 7 décembre, en présence du colonel Bigeard, venu à Colomb-Béchar rendre un dernier hommage à son ami, un avion militaire ramène sa dépouille mortelle qui sera inhumée cinq jours plus tard, à Quiberon, dans le Morbihan.

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Troisième pilote militaire le plus décoré après Fonck et Nungesser, le colonel Félix BRUNET totalisera au cours de son exceptionnel carrière :

  • 26 citations dont 2 à l’ordre de l’Armée,
  • quatre blessures de guerre.

Il est titulaire en particulier:

  • de la légion d’honneur, élevé à la dignité de grand officier,
  • de la Croix de Guerre 39-45,
  • de la Croix de Guerre des T.O.E,
  • de la Croix de la valeur militaire,
  • plusieurs autres décorations françaises et étrangères.

Il totalise :

plus de 6 600 heures de vol dont près de 4 238 au combat, en 2 292 missions de guerre, détenant ainsi un véritable record mondial jamais égalé à ce jour.

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ll a donné son nom à la promotion 1959 de l’école militaire de l’air. La base aérienne 2017 de Brétigny-sur-Orge recevra le 05 février 1980 le nom de tradition de « Colonel Félix BRUNET » par le chef d’état-major de l’armée de l’air.

Suite à la fermeture de la Base aérienne de Brétigny-sur-Orge la stèle du Colonel Félix Brunet est  transféré  à Quiberon, près du monument aux morts. La stèle sera inaugurée le 29 septembre 2012 en présence de la famille lors d’une cérémonie organisée par l’association nationale des sous-officiers de réserve de l’Armée de l’Air.

15 DEVOILEMENT STELE 16 LEVEE COULEURS

Témoignages

Le pionnier de l’emploi des hélicoptères armées

En Indochine, Félix Brunet avait constaté que les capacités des hélicoptères étaient mal utilisées en ne servant qu’aux évacuations sanitaires, il développe alors une nouvelle utilisation opérationnelle de ses appareils en se basant sur l’utilisation qu’en font les Américains en Corée, qui l’utilise afin de transporter des troupes dans les zones difficiles d’accès. Le rôle des hélicoptères devenant de plus en plus efficaces, ils deviennent ainsi la cible des fellaghas et donc un danger important lors des phases de dépose de commandos. Les zones d’atterrissage sont d’habitude défendues par les avions de chasse T-6, Mistral ou P-47 ou des bombardiers B-26 cependant les résultats laissent à désirer. Il décide alors pour contrer ce danger, de confier la défense de la « dropping zone » à un hélicoptère H 34 armé. Aidé de l’officier mécanicien le capitaine Émile Martin, il soumet aux autorités militaires le projet d’équiper les hublots de l’hélicoptère de mitrailleuses en sabord, projet qui est approuvé. Il baptise alors l’appareil sous le nom de « Mammouth ». Ainsi armé l’hélicoptère arrive sur zone quelques minutes avant l’intervention des commandos et la sécurise.

Les concepts de Félix Brunet ont été appliqués par les Américains qui ont utilisé massivement les hélicoptères au Viêt Nam, puis d’une façon générale par tous les belligérants ayant à déplacer des troupes dans les zones difficiles d’accès ou nécessitant une grande rapidité d’action.

extrait du livre livre  » Pour une parcelle de gloire  » du général BIGEARD

Alors que début mars 1954, Félix Brunet fait la connaissance à Cat-Bi du commandant de parachutistes Marcel Bigeard, le futur et célèbre général. Cette première rencontre fut très orageuse et manqua de très peu de se terminer en pugilat. le général Bigeard écrira à propos de cette rencontre: –  » Brave Félix! Finalement un bourru, un tendre au coeur d’or… C’est le prélude de notre grande amitié qui se terminera avec sa mort en Algérie. Nous vivrons ensemble, plus tard, des heures uniques, et Brunet restera un de ces rares hommes qui m’ont marqué… « .

Le colonel BIGEARD et le colonel BRUNET en Algérie

Extrait d’un hebdomadaire on lira

 » Le colonel Félix Brunet était légendaire dans l’armée de l’Air, au même titre que Bigeard dans l’armée de Terre. Un tempérament à la mesure de sa légende avait retardé son avancement. Il n’avait jamais hésité à  » tomber la veste  » face à ses subordonnés (et quelquefois face à ses supérieurs) pour régler un litige. Il était, selon le cliché,  » adoré de ses hommes « , mais il inquiétait ses chefs. C’est une grande et belle figure de l’aviation française qui disparaît. « .

Pilote et combattant d’élite, homme exceptionnel, adoré de ses subordonnés, baroudeur ardent et généreux, indifférent à toute publicité, inconnu du grand public, tel fut le colonel Félix Brunet, dont le nom a pris place parmi les plus grands noms des Ailes françaises.

Sources:  WiKIPEDIA, Armée de l’air, « les ailes françaises

2 commentaires sur “Biographie du Colonel Félix BRUNET 1913 – 1959 : un grand soldat inhumé dans le cimetière de Quiberon”

  1. j »ai servis sous les ordres du commandant emile martin il fut mon commandant sur la base de sidi hamed à bizerte ba 156 roland garros je sais que le commandant qui après sa carrière de militaire a terminé lieutenantcolonel, je sais aussi qu’il est décédé, est-ce quelqu’un pourrait me dire dans quel cimetière i a été inhumé
    Emile Martin a servi sous les ordres du colonel brunet en tant que mécanicien sur hélicoptères

  2. J’ai appartenu à cet escadre d’hélicoptère N°2 de 1957 à 1959 et aussi participé aux combats dans l’oranais. Je suis celui qui a composé l’insigne de l’escadre en collaboration étroite du colonel Brunet.

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