Journée nationale commémorative de l’appel historique du général de Gaulle
à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l’ennemi
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Londres, le 18 juin 1940. Londres, capitale de l’Angleterre et déjà un peu d’une France combattante, depuis que la veille elle a accueilli un général qui ne peut se résoudre à voir son pays capituler devant l’ennemi. Il a 49 ans et il s’appelle Charles de Gaulle.
Naufragé de la défaite, sans troupes, sans moyens, sans guère de crédit encore. Mais c’est lorsqu’il est seul et démuni de tout que se révèle l’essentiel, sur lequel tout l’avenir sera bâti : une foi invincible dans le destin de la France, une confiance inébranlable dans la victoire des Alliés, et dans les Français, qui, il le savait, au plus profond d’eux-mêmes, n’accepteraient pas la soumission.
Londres, le 18 juin 1940, 18h, au siège de la BBC. Au milieu de la débâcle, au cœur du plus atroce effondrement de notre histoire, une voix s’élève. Une autorité forgée dans l’apocalypse. Un Français parle aux Français. Un discours ciselé, 400 mots à peine, quelques brèves minutes qui permettent de poser les bases d’un relèvement et d’exorciser la compromission.
Ce jour-là, le général de Gaulle fait entendre l’expression d’un refus, un simple « non », trois lettres d’une telle vitalité que la défaite n’avait pas réussi à entamer. Non, la France n’est pas seule. Non, la guerre n’est pas terminée. Non, il n’y a aucune raison, ni de cœur ni d’esprit, d’accepter l’armistice infamant.
Ce soir-là, avec cette allocution que si peu ont entendu mais que tant répèteront, le général a fait jaillir une étincelle. Une étincelle qui a allumé un feu, que certains pensaient de paille, et qui n’a cessé de grandir. Feu sacré devenant brasier, lorsque tour à tour des anonymes ont rejoint la Résistance pour souffler sur ses braises. Il a réveillé des volontés qui, avant le 18 juin, frémissaient d’indignation et de liberté, et qui se sont soulevées après lui.
Ses émissaires, porteurs de la flamme, peu nombreux au début, finirent par former une armée. Combattants des forces françaises libres, résistants de l’intérieur de toutes les couleurs politiques, coalisés face au danger. Anonymes qui cachaient un juif ou un homme traqué, étudiants qui traçaient une croix de Lorraine sur les murs de la ville, téméraires qui déposaient une gerbe un 11 novembre. L’esprit de résistance sera partout, il jaillira du vieux pays disloqué que la répression nazie de plus en plus féroce ne parviendra plus à empêcher de se rassembler.
Tous ces Français avaient en partage une certaine idée de la France et refusaient de l’abandonner à ceux qui l’avaient envahie. Ils étaient des éclaireurs de la liberté qui rachetaient l’honneur d’un pays que d’autres avaient trahi.
Londres, le 18 juin 1940, et jusqu’à la fin de la guerre. C’est dans cette ville, plus tard à Alger, que le général se fit architecte de la résistance puis de la reconstruction. C’est là qu’il a écrit parmi ses plus grands discours et exprimé sa vision pour la France. Londres à l’heure où la BBC n’a jamais été si française, Londres où des « vive la France ! » mâtinés d’accent anglais accompagnaient les déambulations du général. Londres à la fois hôte et incarnation du désir de résistance.
Le général inconnu ne l’était plus. Il était devenu le chef d’une France en exil, mais combattante et libre. Reconnu par ses alliés anglophones, fédérant derrière lui les troupes de l’empire, celles qui s’illustreront plus tard à Bir Hakeim et dans les sables de Koufra, à Oyonnax et dans les maquis, autour du commandant Kieffer et dans les montagnes de Monte Cassino, à bord du Surcouf ou du cuirassé Richelieu, dans l’escadrille de Normandie-Niémen.
Il y a 84 ans, en jetant sur le papier son discours avec ardeur dans l’anonymat d’un après-midi d’été, le général de Gaulle a aussi écrit notre destin, et notre histoire.
En ce jour, alors que la Nation reconnaissante commémore les 80 ans des Débarquements et de la Libération, notre gratitude s’exprime envers lui, envers ses compagnons et toutes celles et ceux qui l’ont rejoint et suivi. Ensemble, ils exprimèrent une idée simple, mais conforme à ce qu’est la France : que rien ne pouvait exister ni demeurer sans liberté.
Vive la République !
Vive la France !
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